Les précurseurs de la nutrithérapie

. Les prémices
Déjà dans la Chine antique, il y a plus de cinq mille ans, on avait observé que la consommation d’algues était bénéfiques pour les porteurs de goitre. On sait aujourd’hui qu’ils profitaient de l’iode contenu dans ces algues.
Le Grec Hippocrate, considéré comme le père de la médecine, conseillait, il y a près de deux mille cinq cents ans : « Que ton aliment soit ton médicament ».
Les romains se sont aperçus que boire l’eau qui gardait leur armure au frais leur donnait plus d’énergie. En France, la carence en fer est encore connue sous le nom de « carence martiale », du nom du dieu romain de la guerre !
Dès 1857, Claude Bernard, dans les leçons sur les phénomènes de la vie, communs aux animaux et aux végétaux, expose les besoins en fer pour la respiration. En 1905, Church démontre les besoins biologiques en cuivre chez l’animal.
Si, de tout temps, la nutrithérapie a existé sous une forme empirique, la discipline médicale voit réellement le jour à partir des années 1990 grâce à la collaboration de médecins, biologistes et nutritionnistes.

. Les dates
1911 : Le concept de facteur nutritionnel apparaît, ainsi que le terme « vitamine », pour vita (vie) et le suffixe « amine », un radical en chimie, pour la vitamine A.
Différentes découvertes depuis ont démontré que les carences en vitamines et en minéraux pouvaient être génératrices de différentes maladies comme le scorbut, le béribéri, la pellagre, le rachitisme, l’anémie…
1930 : William Kaufman est l’un des premiers médecins à utiliser des doses importantes de vitamine B3 chez les patients arthritiques. Il remarque que des carences vitaminiques peuvent entraîner l’hyperactivité et l’anxio-dépression.
Années 1930 : Roger Williams supervise de nombreux travaux sur la vitamine B1, ainsi que sur la vitamine B9 ou acide folique. C’est lui qui met en avant la nécessité de considérer l’ensemble des nutriments : il parle de « principe d’orchestre ».
1932 : Jungeblut découvre que la vitamine C inactive in vitro le virus de la poliomyélite. Peu après, d’autres chercheurs démontrent qu »elle est virucide in vitro sur tous les virus connus.
1948 : Le docteur Frederick Klenner travaille sur les mégadoses de vitamine C et leurs effets sur les maladies virales et bactériennes.
1950 : Le docteur William J. McCormick révèle que le manque de collagène est provoqué par l’insuffisance de vitamine C.
1952 : Les docteurs Abram Hoffer et Osmond développent un traitement pour la schizophrénie à base de vitamines C et B3.
1955 : Les propriétés pharmacologiques de l’acide nicotinique sont mises en évidence.
1957 : Carl Peiffer attribue aux désordres mentaux une origine nutritionnelle.
1960 : Hans Nieper découvre les transporteurs des minéraux.
1968 : Linus Pauling invente le terme de médecine orthomoléculaire. La même année, la famille complète des rétinoïdes est découverte ( vitamine A et bêta-carotène ). Dans les années 70, il rassemble dans son livre La vitamine C et le rhume toutes les études réalisées antérieurement sur ce sujet.
1975 : Michael Lesser, psychiatre et praticien en médecine micronutritionnelle, informe que certaines maladies psychiatriques reposent sur un statut nutritionnel.

Les maîtres modernes

La naturopathie est issu d’un courant hygiéniste qui s’est mis en place parallèlement aux États-Unis et en Europe. En 1898, à New York, naît la première véritable école de naturopathie : l’ American School of Naturopathy. En France, Pierre-Valentin Marchesseau apparaît comme la figure de proue du développement de la naturothérapie contemporaine.

1. Pierre-Valentin Marchesseau, le père de la naturothérapie en France   
Pierre-Valentin Marchesseau (1911-1994 ) découvre la naturothérapie et l’hygiénisme lors d’ un séjour aux États-Unis. Il fonde alors son cadre de pensée et de pratiques qu’il nomme  » naturopathie orthodoxe  » : idée selon laquelle une approche globale de l’individu s’impose, de même que l’usage de techniques naturelles non invasives, pour rétablir un équilibre vital.

2.Les techniques de Pierre-Valentin Marchesseau                   
Les 10 techniques ( ou agents de santé) qu’il met en évidence sont toujours enseignées et pratiquées, à différents degrés, comme piliers de la pratique de la naturopathie moderne :
. la bromatologie ( étude des aliments ) ;
la phyto-aromathérapie et oligothérapie
. l’hydrologie : bains, hydrothérapie du côlon…;
. l’exercice physique pour harmoniser ( et non pour la performance) ;
. la psychologie : pensée négatives, stress émotionnel, les conditionnements toxiques sont pour lui des causes essentielles de maladies ;
. la chirologie, ou techniques manuelles ( massages) ;
. la réflexologie ( plantaire, auriculaire) ;
. la pneumologie ( hygiène respiratoire, travail sur le souffle) ;
. l’actinologie : technique qui utilise des rayonnements dont la lumière ( les couleurs ont des actions spécifiques sur nos cellules );
. la magnétologie : idée de recharge vitale par captation énergétique.

3. la contribution de Catherine Kousmine ( 1904- 1992)
Ses apports essentiels concernent l’alimentation ( la crème Budwing

au petit-déjeuner, un repas cru qui rassemble sucres lents et rapides, bons acides gras, protéines, vitamines et minéraux) et la question de l’équilibre acido-basique. C’est par le biais de la pédiatrie et de son travail sur de jeunes patients cancéreux qu’elle va repenser les besoins nutritionnels. Ses découvertes portent sur ce que l’on nommerait aujourd’hui l’épigénétique dans les causes de cancers. Des souris atteintes de tumeurs sont nourries pour une partie d’entre elles par des aliments naturels adaptés à leur corps, d’autres par des comprimés nutritionnels. Les résultats sont édifiants pour établir que les carences alimentaires ( en acides gras essentiels par exemple), de même que les excès ( d’aliments acidifiants, sucres…) sont les causes principales des cancers.

4. Les enseignements santé de Catherine Kousmine 
Ses principes fondamentaux sur la santé:
une alimentation saine: aliments complets, non-transformés, peu de protéines animales, de bonnes huiles végétales ( notamment le matin dans la crème de budwing ), des cuissons douces…;
. une bonne hygiène intestinale : celle-ci peut passer par des hydrothérapies, des lavements, des monodiètes ou des phases de jeûne;
. un contrôle de l’acidose ( un trouble caractérisé par une montée de l’acidité du sang ) qui menace facilement notre santé.

 

 

 

Les précurseurs millénaires


Pythagoras

1. Les 4 éléments
Nous devons cette notion à Pythagore. Lui qui disait que « Tout est nombre » est surtout connu pour ses travaux sur la géométrie. Mais les philosophes grecs en réalité œuvraient dans tous les domaines de la connaissance dont celui de la santé.
La théorie des quatre éléments « eau, air, terre, feu  » est présente chez la plupart des penseurs pré-socratiques et a été interprétée par chacun d’eux. Pythagore associait les éléments aux états du corps : eau/humide, air/sec, terre/froid, feu/chaud. En l’homme, cela avait pour écho les quatre humeurs constitutives : eau/phlegme ; air/sang ; terre/atrabile ; feu/bile.

2. Les 4 humeurs    
Un siècle plus tard, vers 400 av. J.-C., les travaux d’Hippocrate de Cos redéfinissent les quatre éléments en quatre tempéraments toujours reconnus depuis en naturopathie. Ces tempéraments sont le lymphatique, le bilieux, le sanguin, le nerveux. A chacun de ces tempéraments correspond un mode réactionnel face aux agents stressants ou pathogènes. Ils ont également des besoins nutritionnels, des façons de gérer l’énergie et des capacités digestives différentes.

3. La contribution de Hildegarde de Bigen    
Hildegarde de Bigen, religieuse bénédictine qui vécut au XIIème siècle en Allemagne, nous apporte en héritage principalement ses travaux sur les plantes médicinales et l’alimentation. Dans les causes et les remèdes, son ouvrage le plus connu ( Causae et curae ), elle écrit ceci :  » il faut prendre tout aliment et toute boisson avec mesure et sagesse, retenue et mesure, pour ne pas être affaibli par les humeurs de toutes sortes qui s’y trouvent et pour que la nature, face aux tentations diverses du plaisir, n’excède pas sa mesure.  »
Beaucoup de ses connaissances établies empiriquement mais aussi , dit-elle,  » par des visions « , ont été confirmées depuis par des données scientifiques, par exemple sur les propriétés du buis, du cassis, de la sève de bouleau…